
La gendarmerie nationale mauritanienne a annoncé le démantèlement de plusieurs réseaux de passeurs, évoquant dans ce cadre l'interpellation de 117 personnes dont "des membres clés des réseaux, des passeurs et des complices qui fournissaient un abri et un soutien logistique".
C’est une opération d’envergure qui a été menée par les autorités mauritaniennes contre les réseaux de passeurs. Selon un communiqué de la gendarmerie, "plusieurs réseaux impliqués dans le trafic de migrants à travers le territoire national vers les côtes européennes" ont été démantelés.
Les autorités se sont félicitées d’avoir interpellé 117 personnes, dont "des membres clés de ces réseaux, des passeurs et des complices qui fournissaient un abri et un soutien logistique".
Aussi, toujours selon le communiqué, le chef du "plus grand réseau de trafic de migrants" du pays ainsi que "tous les membres actifs" du groupe ont été interpellés dans le cadre d’une "vaste opération à travers le pays".
Une seconde opération a ensuite eu lieu en début de semaine. Selon la gendarmerie, 20 personnes, dont 19 migrants de nationalités étrangères et un passeur mauritanien, ont été appréhendés. "Quatorze d'entre eux ont été arrêtés à terre, tandis que six autres ont été arrêtés sur un bateau en mer", précisent les autorités.
Arrestations et expulsions
Depuis plusieurs semaines, la Mauritanie serre la vis contre l’immigration irrégulière. Des centaines de ressortissants maliens, guinéens, sénégalais et ivoiriens en situation irrégulière ont été arrêtés début mars. Des arrestations qui ont suscité la colère du Sénégal et du Mali, qui ont dénoncé le traitement réservé à leurs ressortissants en Mauritanie.
Pour lutter contre l’immigration irrégulière, Nouakchott souhaite justement renforcer la coopération avec les autres pays régionaux d’où partent les candidats à l’exil. Ainsi, son ministre des Affaires étrangères a multiplié les déplacements ces derniers jours.
Mohamed Salem Merzoug s’est rendu au Sénégal et au Mali, où il a rencontré le chef de la junte Assimi Goïta, avec qui il a pu échanger de la question migratoire. Il s’est aussi rendu en Guinée-Bissau où il s’est entretenu avec le Premier ministre Ré Debret Diarro sur l'immigration irrégulière, "un défi majeur pour nos deux États".
"Tragédie humaine"
L'an dernier, la Mauritanie, vaste pays désertique situé sur la côte atlantique ouest-africaine, est redevenue un pays de transit pour les exilés souhaitant se rendre en Europe via les Canaries. Le pays est même devenu le principal lieu de départs des canots arrivés dans l'archipel espagnol en 2024, selon Helena Maleno de l'ONG Caminando Fronteras.
Au total, en 2024, près de 47 000 personnes ont débarqué dans l'archipel espagnol, un record. Et le nombre de morts n'a jamais été aussi nombreux sur cette route migratoire. Près de 10 000 exilés ont péri dans l'Atlantique cette année, d'après le dernier rapport de Caminando Fronteras. Et "la majorité des victimes avaient pris la mer depuis la Mauritanie", selon Helena Maleno.
Depuis le 1er janvier, le bilan est déjà lourd. "Plus de 100 corps" de migrants ont été retrouvés près des côtes mauritaniennes, selon le ministre mauritanien des Affaires étrangères. "En 2024, plus de 500 corps de jeunes Africains ont été repêchés sur nos côtes", a-t-il ajouté, évoquant une "tragédie humaine".