Un gros revers et de lourdes pertes ont été enregistrés par l'armée malienne et ses alliés russes samedi 27 juillet lors de combats contre les séparatistes dans le nord du pays, près de la frontière avec l'Algérie. "Les combattants de l'Azawad contrôlent la situation à Tinzaouatene et plus au sud dans la région de Kidal.
Des combats, d'une ampleur inédite depuis des mois, ont éclaté jeudi entre armée et séparatistes dans la localité de Tinzaouatene après que l'état-major a annoncé avoir pris le contrôle d'In-Afarak, un carrefour commercial situé à 122 km au nord-ouest de Tessalit, dans la région de Kidal.
"Les combattants de l'Azawad contrôlent la situation à Tinzaouatene et plus au sud dans la région de Kidal. Les mercenaires russes et les Forces armées maliennes (Famas) ont fui. D'autres se sont rendus", a affirmé à l'AFP Mohamed Elmaouloud Ramadane, porte-parole d'une alliance de groupes armés séparatistes à dominante touareg (CSP-DPA), transmettant des vidéos où gisent de nombreux cadavres de l'armée malienne et de leurs alliés. Dans certaines vidéos, des soldats blancs sont visibles parmi les prisonniers.
"L'armée malienne a reculé", a déclaré à l'AFP un élu local qui évoque au moins 17 morts dans un bilan provisoire. "Les gens du CSP sont toujours à Tinzaouatene. L'armée et Wagner n'y sont plus", a-t-il précisé, ajoutant que les combats du jour avait eu lieu plus au sud, vers Abeïbara.
Un ancien travailleur de la mission de l'ONU à Kidal parle "d'au moins 15 combattants de Wagner tués et arrêtés après trois jours de combats". "Les rebelles du CSP ont pris l'avantage dans ce qui s'est passé à Tinzaouatene. (...) Il y a des renforts Famas qui ont quitté Kidal pour la frontière entre le Mali et l'Algérie. On a vu aussi dans le ciel des avions", a-t-il ajouté.
Un cadre du mouvement séparatiste, Mossa Ag Inzoma, assure qu'il y a eu des "dizaines et dizaines de Wagner et Famas tués et prisonniers".
Les séparatistes maliens ont revendiqué dimanche 28 juillet une "victoire éclatante" contre l'armée malienne et ses alliés russes. "Nos forces ont définitivement anéanti ces colonnes de l'ennemi samedi. Un important matériel roulant et armements a été saisi ou endommagé. Les rares survivants des rangs Famas et de la milice (russe) Wagner ont été faits prisonniers", dit un communiqué signé Mohamed Elmaouloud Ramadane, porte-parole d'une alliance des groupes armés séparatistes à dominante touareg (CSP-DPA).
Dans un communiqué, l'armée malienne assure que "dans la nuit du 26 au 27 juillet 2024, les unités Fama en patrouille dans le secteur de Tizaouatene depuis trois jours, ont amorcé leur mouvement rétrograde".
De "violents combats"
"Les violents combats continuent contre la coalition des terroristes", poursuit-elle. La zone "est sous surveillance et la situation est particulièrement suivie", dit-elle. "Cinq cibles terroristes ont été traitées avec succès par les vecteurs aériens Famas".
L'armée malienne communique rarement sur ses pertes. La pression des groupes armés et des militaires au pouvoir a réduit au silence la plupart des sources d'informations indépendantes dans les zones d'opérations.
L'armée avait communiqué vendredi soir sur un "atterrissage d'urgence" d'un hélicoptère après avoir rencontré "des difficultés", sans faire de victimes. Selon un porte-parole du CSP, ce sont les séparatistes qui ont "touché un hélicoptère" qui a fini par s'écraser.
La junte au pouvoir au Mali depuis 2020 a fait de la reconquête du territoire national une de ses priorités. Les groupes armés séparatistes ont perdu depuis la fin 2023 le contrôle de plusieurs localités du Nord après une offensive de l'armée malienne qui a culminé par la prise de Kidal, bastion de la revendication indépendantiste et enjeu de souveraineté majeur pour l'État central.
L'offensive dans le nord du pays a donné lieu à de nombreuses allégations d'exactions commises à l'encontre de la population civile par les forces maliennes et leurs alliés russes depuis 2022, que les autorités maliennes démentent.
Le Mali est aussi en proie depuis 2012 aux agissements des groupes affiliés à al-Qaïda et à l'organisation État islamique et aux violences des groupes communautaires et crapuleux.
La junte dirigée par le colonel Assimi Goïta a depuis 2022 multiplié les actes de rupture. Elle a ainsi rompu l'alliance ancienne avec la France et ses partenaires européens pour se tourner militairement et politiquement vers la Russie.