10 solutions pour une politique nationale d’autonomisation équitable des jeunes en Mauritanie (3) / Rajel Oumar Boilil

Dans cette troisième partie, nous proposons quatre solutions, fondées sur notre analyse des quatre défis identifiés précédemment, auxquels toute politique nationale visant l’autonomisation équitable des jeunes doit faire face. Il s’agit du manque de clarté concernant l’accompagnement des jeunes défavorisés, de l’absence de prise en compte des besoins transversaux des jeunes, de l’enchevêtrement des compétences entre les secteurs de l’autonomisation et de la formation (récemment restructurés), et enfin, du manque de statistiques précises et ciblées en faveur de l’autonomisation des jeunes.
Défi 7 :
Manque de clarté sur l’accompagnement des jeunes défavorisés ou des jeunes issus des séquelles de l’esclavage.
Ces jeunes constituent une catégorie à part, dont l’autonomisation et la justice sociale nécessitent des mesures spécifiques, en raison des différentes formes d’exploitation dont ils ont été victimes, telles que le travail forcé, le mariage précoce et le travail domestique non réglementé.
Solution proposée :
Il est essentiel de concevoir une stratégie particulière qui aille au-delà de l’approche adoptée par l’Agence TAAZOUR pour traiter cette catégorie. Cette stratégie devra prendre en compte les défis spécifiques auxquels ces jeunes sont confrontés, notamment l’accès limité à l’éducation, à la santé, aux opportunités économiques et même aux droits fondamentaux. Ces obstacles perpétuent la pauvreté et la marginalisation, ce qui rend indispensable la mise en place d’une politique efficace visant à garantir une autonomisation équitable de cette population vulnérable.
Défi 8 :
Absence de prise en compte des besoins transversaux des jeunes.
Les besoins des jeunes sont très divers et ne se limitent pas à un seul secteur gouvernemental. Outre le secteur de l’autonomisation, ils concernent également les secteurs de l’orientation, de l’éducation, de la formation, de la santé, du logement, des affaires sociales, de la culture, entre autres. Il est donc crucial de reconnaître cette réalité et de l’intégrer dans les nouvelles orientations visant l’autonomisation des jeunes.
Solution proposée :
Élaborer un plan national qui prenne en compte la transversalité des besoins des jeunes, en impliquant les différents secteurs gouvernementaux ainsi que les acteurs de la société civile. Ce plan devra organiser des campagnes de sensibilisation, des réflexions approfondies et des consultations pour mieux appréhender la diversité des besoins. Il est également nécessaire de clarifier les responsabilités et les points d’intersection entre les secteurs concernés afin de faciliter la conclusion d’accords de coopération et de partenariats solides.
Défi 9 :
Enchevêtrement des compétences entre les secteurs de l’autonomisation et de la formation.
La formation professionnelle constitue un élément clé de l’autonomisation. Cependant, le secteur de la formation se concentre sur un aspect qui relève avant tout du domaine de l’autonomisation. Cela exige une coordination efficace pour éviter les erreurs, les redondances et le gaspillage des ressources publiques.
Solution proposée :
Il est nécessaire de revoir les mandats des deux secteurs et de mettre en place un mécanisme souple de concertation et de coordination, afin de travailler sur des objectifs communs. Cette démarche permettra d’assurer la complémentarité entre les deux secteurs, de réduire les chevauchements et d’éviter les gaspillages observés lors des précédentes tentatives de mise en œuvre des politiques d’autonomisation.
Défi 10 :
Manque de statistiques précises et ciblées pour l’autonomisation des jeunes.
Il semble que le secteur de l’autonomisation ne dispose pas de données récentes sur les 2 700 000 jeunes Mauritaniens, qu’il s’agisse des taux d’emploi, des secteurs d’activité ou des besoins du marché du travail. Cette absence de données complique la prise en compte des défis et des transformations rapides, tant au niveau national qu’international, dans le domaine de l’emploi.
Solution proposée :
Il est impératif de concevoir une base de données dynamique qui prenne en compte les parcours éducatifs et professionnels des jeunes. En s’appuyant sur les expériences d’autres secteurs, cette base de données pourra fournir une cartographie précise de la situation des jeunes et de leur relation avec le marché du travail. Elle permettra d’évaluer l’efficacité des programmes et projets existants dans la lutte contre le chômage. De plus, cette base de données offrira une vision claire de l’état de l’autonomisation et fournira des indicateurs utiles pour une analyse prospective de l’avenir du pays, en mettant en lumière le rôle central que joueront les jeunes dans les transformations à venir.

Rajel Oumar Boilil, consultant en jeunesse.

 

 

30. octobre 2024 - 12:28

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