Le monde est en train de changer de paradigme. Les rapports de force internationaux se redessinent sous nos yeux, marqués par des alliances inédites, des fractures économiques et géopolitiques profondes, et un affaiblissement des anciennes puissances dominantes. L’alliance sino-russe s’affirme, tandis que l’Union européenne montre des signes de fragilité et que les États-Unis perdent pied en Afrique, notamment au Sahel.
Dans cette région, la stabilité, longtemps façonnée par les intérêts français, s’effrite. Le retrait progressif de la France, accéléré par la montée des régimes militaires au Mali, au Burkina Faso et au Niger, crée un vide stratégique. L’Alliance des États du Sahel (AES) incarne cette rupture avec l’ancienne puissance coloniale, tandis que le Sénégal, autrefois bastion stable de l’influence française, se cherche un nouveau cap. La décision de rompre, réfléchie ou précipitée, soulève des incertitudes et des défis majeurs, notamment en matière de sécurité.
La Mauritanie, quant à elle, semble vulnérable face à ces bouleversements. Sans vision claire ni stratégie affirmée, elle se retrouve entre le marteau et l’enclume : d’un côté, un Mali en proie à un chaos grandissant, de l’autre, un Sénégal fragilisé par une transition incertaine. Ce contexte de tensions régionales pourrait compromettre sa stabilité et sa cohésion sociale.
Par ailleurs, l’enjeu des ressources naturelles, notamment gazières et pétrolières, attise les convoitises des multinationales, prêtes à exploiter les failles des États en difficulté pour mieux s’imposer. Le Sénégal et la Mauritanie, riches en hydrocarbures, doivent donc redoubler de prudence pour ne pas voir leurs richesses dilapidées sans bénéfices réels pour leurs populations.
Face à ces défis, une approche proactive s’impose. L’absence de stratégie et de courage politique pourrait coûter cher aux États les plus fragiles, à l’heure où les nouvelles dynamiques mondiales redessinent l’avenir des nations.
Isselmou Hanefi
