
À la suite de la mort récente de deux orpailleurs mauritaniens survenue dans la zone de Guerguerat, située dans la zone tampon du Sahara, et attribuée à une frappe de l’armée marocaine après une incursion transfrontalière, les autorités mauritaniennes ont organisé, lundi, une réunion de concertation dans les locaux de la wilaya de Tiris Zemmour,.
Présidée par le wali Tayeb Ould Mohamed Mahmoud, la rencontre a rassemblé des représentants des autorités administratives et sécuritaires, des élus locaux, des représentants des syndicats de l’orpaillage artisanal ainsi que plusieurs érudits religieux. L’objectif principal était de sensibiliser les orpailleurs à l’impératif de respecter l’intégrité territoriale de la Mauritanie et d’examiner la mise en place de mesures répressives à l’encontre des personnes exerçant des activités de prospection aurifère en dehors des frontières nationales.
Un responsable syndical mauritanien ayant pris part à la réunion a précisé que l’initiative émanait directement du wali de Tiris Zemmour, dans le contexte du drame ayant coûté la vie à deux orpailleurs locaux. Il a rappelé que cette rencontre s’inscrivait dans une stratégie plus large adoptée par les autorités mauritaniennes pour mettre fin à la pratique de l’orpaillage au-delà des frontières. Dans cette optique, les forces de sécurité de la wilaya ont intercepté, il y a quelques jours, près de 14 véhicules en provenance de la zone de Guerguerat, illustrant ainsi une approche coercitive destinée à enrayer ce phénomène croissant.
À l’issue de la réunion, un consensus a été trouvé autour de la création d’un comité restreint chargé de suivre ce dossier. Composé de représentants de l’administration, des forces de sécurité, des orpailleurs et des transporteurs, ce comité tiendra des réunions régulières et élaborera une stratégie rigoureuse pour éradiquer cette activité illégale. Par ailleurs, les érudits religieux présents ont émis des fatwas interdisant strictement toute transgression des frontières nationales et toute activité de prospection aurifère hors du territoire mauritanien.
Interrogé par Hespress sur les raisons qui poussent de nombreux orpailleurs à s’aventurer au-delà des frontières, notamment dans la zone tampon saharienne, Mohamed Mahmoud Ould El Hassan, président de l’Union générale des orpailleurs mauritaniens, a expliqué que « le recours à l’orpaillage dans les zones disputées résulte de plusieurs facteurs, au premier rang desquels la précarité économique et la recherche de moyens de subsistance. Il est aussi lié à l’éviction des orpailleurs locaux de nombreux sites d’exploitation en raison de permis accordés à d’autres opérateurs ».
« Les orpailleurs sont parfois victimes de manœuvres : certains hommes d’affaires leur fournissent des véhicules tout en exigeant que la prospection ait lieu au-delà des frontières. Faute de ressources, ils acceptent malgré eux. C’est ce qu’on appelle le financement des “voyages de la mort”. Dans certains cas, l’ignorance du danger que représente cette zone joue également un rôle », a-t-il ajouté.
Le syndicaliste a en outre dénoncé plusieurs facteurs ayant favorisé l’amplification du phénomène : l’insuffisance de la surveillance, l’absence de sanctions réellement dissuasives, et une certaine complaisance dans l’admission des pierres extraites dans les centres de traitement malgré la connaissance de leur provenance.
« Tous ces éléments ont contribué à l’augmentation du nombre d’orpailleurs opérant illégalement au-delà des frontières », a-t-il déploré, tout en appelant fermement à l’adoption de lois nouvelles pour encadrer strictement l’activité d’orpaillage artisanal et instaurer des peines plus sévères à l’encontre des contrevenants.
Il a également souligné que « la coordination actuelle entre les différentes entités responsables du secteur de l’orpaillage artisanal demeure insuffisante pour assurer le contrôle du secteur et garantir la sécurité des travailleurs ».
Et de conclure : « Il est essentiel de lancer des campagnes de sensibilisation et de maintenir des concertations régulières entre tous les acteurs du secteur. Nous tenons ici à exprimer notre gratitude au nouveau wali, qui, depuis sa prise de fonction, a manifesté une détermination claire à lutter contre ce phénomène. Nous nous tenons prêts à l’accompagner dans cette mission ».