Dr Abdoulaye Diagana, une candidature stratégique pour le poste de SE de l'APGMV et l’influence mauritanienne en Afrique

Un vent favorable souffle sur la diplomatie mauritanienne. Après la brillante élection de Sidi Ould Tah à la tête de la Banque Africaine de Développement, voila que le mauritanien, Dr Abdoulaye Diagana se hisse parmi les trois finalistes qui briguent le poste de Secrétaire Exécutif de l’Agence Panafricaine de la Grande Muraille Verte (APGMV)..  

Ils étaient au départ une cinquantaine issus des 11 pays membres de l’agence.

Un poste clé au cœur d’une initiative continentale cruciale

Lancée en 2007 par l’Union africaine, l’Initiative Grande Muraille Verte (IGMV) a pour ambition de restaurer les écosystèmes sahéliens et de lutter contre la désertification et l’insécurité alimentaire. Pour coordonner cette mission, l’Agence Panafricaine (APGMV) a été créée en 2010 par onze pays. : le Burkina Faso, Djibouti, l'Érythrée, l'Éthiopie, le Mali, la Mauritanie, le Niger, le Nigéria, le Sénégal, le Soudan et le Tchad. La Côte d’Ivoire, la Gambie et le Togo sont également sur le point de faire leur entrée.
Après une décennie d’actions, un audit a souligné la nécessité de renforcer l’Agence pour la sortir de la situation difficile qu’elle traverse depuis quelques années. Partenaires techniques et bailleurs se montrent de plus en frileux quant au soutien à apporter à une agence qui peine à faire des résultats. Un Plan d’Investissements 2021–2030 a donc été adopté, accompagné de réformes. Le 7 février 2025, les ministres de l’IGMV ont décidé de recruter un nouveau Secrétaire Exécutif pour une période transitoire de 18 mois au lieu des trois ans habituels.  
Le futur Secrétaire Exécutif devra disposer d’une solide expérience managériale en environnement et développement durable pour assurer la continuité des activités, piloter les réformes et renforcer les partenariats. Le processus de sélection se déroule en plusieurs étapes rigoureuses (dossier, test, entretien).
Le processus avait commencé par une analyse approfondie des dossiers de candidature, notée sur 70 points. Seuls les candidats ayant obtenu un score suffisant ont été conviés à une épreuve écrite, notée sur 15 points, visant à évaluer leurs connaissances techniques et institutionnelles. Ceux qui réussissent cette étape participent ensuite à un entretien oral, également noté sur 15 points, permettant d’apprécier leur vision stratégique et leurs compétences managériales. 
Enfin, une short-list de trois candidats les mieux classés sera soumise aux Chefs d’État et de Gouvernement pour la sélection finale. Dr Abdoulaye DIAGANA est ainsi en compétition avec deux anciens ministres : un Burkinabé et un Nigérien.

Un profil à la hauteur des défis

Géographe de formation, Dr Diagana est un expert chevronné des questions transfrontalières et de gouvernance territoriale. Titulaire d’un doctorat de l’Université de Rouen et d’un master de Paris IV Sorbonne, il a bâti une carrière solide au croisement de la coopération internationale, de la diplomatie environnementale et du développement durable.
Le Mauritanien dispose d’atouts de taille à la hauteur du défi. Avec une expérience internationale reconnue auprès d’organisations telles que l’OCDE, USAID, ou encore l’ONU, où il a occupé des fonctions de haut niveau, notamment en tant que Secrétaire Exécutif de la Convention d’Abidjan, Dr Diagana a une maîtrise des mécanismes de financement international. Il a notamment une expérience de coordination de programmes soutenus par l’Union Européenne, le Fonds pour l’Environnement Mondial (FEM), et d’autres bailleurs majeurs. 
Ce portrait s’ajoute à une fine connaissance et la capacité à mobiliser le secteur privé. Ayant collaboré avec Total, Gaz de France, Exxon Mobil, Coca-Cola ou encore CMA CGM sur des programmes de conservation, de réduction de la pollution ou d’appui au développement durable, le candidat mauritanien peut faire valoir son réseau, sa connaissance des enjeux, des partenaires et des instruments techniques et financiers.  
Contrairement aux précédents mandats, la mission qui sera affectée au futur Secrétaire exécutif sera de seulement 18 mois. Il s’agira d’une durée transitoire conçue dans le but de retrouver la confiance des partenaires, de rétablir la coordination et relancer l’ambition de l’Initiative. En clair, il s’agira d’une véritable opération de sauvetage de l’initiative de la Grande Muraille Verte.
L’Agence panafricaine de la Grande Muraille Verte (APGMV) est dédiée aux pays sahélo-sahariens. Elle se trouve dans un contexte qui nécessite de façon pressante la revitalisation et la restauration des terres dégradées du Sahel ainsi qu’une lutte soutenue contre la désertification dans un environnement à stabiliser.

Un enjeu pour la Mauritanie : diplomatie et influence

Aujourd’hui, dans ce Sahel confronté à des défis de sécurité et de gouvernance, la Mauritanie a un rôle crucial à jouer : aider à faire face aux exigences d’une cohésion et surtout convaincre tous les partenaires devenus sceptiques au sujet d’un projet naguère prometteur. Choisir un Secrétaire exécutif de l’APGMV connaissant l’environnement international, familier des mécanismes de financements innovants, sachant gagner la confiance des bailleurs et des partenaires serait la clef du succès et l’occasion pour la diplomatie mauritanienne de sauver une agence dont elle a la lourde responsabilité d’abriter le siège.  
Avec ses compétences opérationnelles et son leadership reconnu au niveau international, Dr Diagana incarne une solution crédible pour relever ce défi urgent.
La Mauritanie, en sa qualité de pays hôte de l’Agence, a une belle carte à jouer. D’une part, la reconnaissance de l’expertise mauritanienne sur les dossiers sahéliens et environnementaux serait confirmée et permettrait d’anticiper d’autres succès dont bénéficierait l’APGMV.
D’autre part, ce serait un signal fort à envoyer aux partenaires techniques et financiers : la Mauritanie ne se contente plus d’être un État membre ; elle est désormais un acteur moteur dans les grandes initiatives régionales.
La décision finale revient aux Chefs d’État et de Gouvernement de l’Agence, après l’étape ministérielle qui se jouera ce mois de juin. Ils sont conscients sans doute que le choix doit être stratégique, pragmatique et visionnaire. La survie de l’Agence en dépend.

Mohamed Mohamed Lemine

17. juin 2025 - 17:35

أحدث المقالات

كتاب موريتانيا