
J’ai lu, ligne par ligne, mot après mot, l’intégralité des dix-neuf chapitres et 272 pages de l’ouvrage Mon Devoir de Servir, dont 251 pages d’écriture dense et 21 pages d’illustrations visuelles. Ce livre n’est ni une autobiographie classique, ni une simple fresque mémorielle : il est le fruit mûr d’un engagement de conscience.
Celui d’un homme, Ousmane Mamoudou KANE, enfant de Tekane, descendant des Beni Salah – Hamet Juldo KANE, Shorofa, qui a choisi de faire de sa vie un serment silencieux, un repère d’intégrité dans un monde souvent frappé d’amnésie morale.
Dès les premières pages, le ton est donné. Ce n’est pas l’éloge d’un parcours, mais l’offrande d’un témoignage sans fard, destiné à ses contemporains et à ceux qui viendront. Ousmane Mamoudou KANE s’adresse autant à lui-même qu’à ses concitoyens : il confesse, partage, et transmet une exigence éthique enracinée dans sa trajectoire familiale, sociale, professionnelle, mais surtout humaine. Une exigence de loyauté, de justice et de courage – vertus trop souvent reléguées dans les marges du discours public.
Certains ont voulu voir dans cette œuvre une démonstration de vanité personnelle, d'autres ont été jusqu’à y déceler les relents d’un chauvinisme ou d’un rejet de l’arabité, accusations aussi injustes que malveillantes. L’auteur a répondu à ces procès d’intention par un geste fort et symbolique : la publication simultanée du livre en français et en arabe, le même jour, dans la même salle, devant un public pluriel. Ce choix éditorial est, en lui-même, un démenti cinglant adressé à tous ceux qui colportent ces lectures biaisées. Ce n’est pas le repli qui anime OMK, mais le souci de fédérer par la vérité, la clarté et le respect des identités dans leur pluralité linguistique et culturelle.
Loin des dogmes, OMK affirme haut et fort que la langue, l’ethnie ou l’origine ne sont ni des privilèges ni des obstacles, mais des richesses complémentaires à sublimer au service de la République. Il ne théorise pas : il pratique. Il ne parle pas d’unité nationale : il la vit et l’incarne.
À travers ses récits professionnels-de la BAD à la SNIM, de la Banque Centrale aux ministers-OMK illustre ce que veut dire servir sans se trahir. Être loyal sans être complaisant. Etre fonctionnaire sans être fonctionnarisé. Etre à la hauteur d’un poste sans s’en servir pour asseoir une rente ou un clan.
Son engagement s’exprime dans des principes clairs : la justice avant la force, le dialogue avant la domination, le mérite avant les privilèges, et la dignité de chacun comme socle du vivre-ensemble. Il démontre que la gouvernance n’est pas une posture hiérarchique, mais un exercice d’humilité responsable, fondé sur la transparence, la redevabilité, et la constance morale.
Ce livre est aussi le fruit d’une éducation d’élite non pas par le prestige, mais par l’exemplarité silencieuse. Celle reçue au sein de son foyer, « cette école invisible » où l’écoute, la parole donnée et l’humilité forment le ciment d’une vie droite. OMK ne prêche pas la morale : il l’a vécue et en porte les cicatrices et les fruits.
Il refuse les pratiques clientélistes, la paresse intellectuelle, le faux zèle, et cette médiocrité sournoise qui tue l’excellence dans l’œuf. Il rappelle que la fonction publique est un service, pas un refuge, et que la corruption, qu’elle soit matérielle ou morale, est une grande trahison.
Dans sa lecture du vivre-ensemble, OMK n’oppose pas les communautés. Au contraire, il appelle à une convergence sincère des citoyens, sans exclusion, sans hiérarchie ethnique ou sociale. Il reconnaît les inégalités structurelles, mais les affronte non pas par la vengeance ou la victimisation, mais par l’équité éclairée, la vigilance morale et l’action concrète. Pour lui, la véritable citoyenneté ne se limite pas à des discours consensuels, elle se mesure à la capacité à écouter, corriger, partager.
Sa critique est ferme, mais jamais stérile. Il appelle à une République de la responsabilité, et non de la reproduction des privilèges. Une République de la vérité, même si elle dérange. « Mieux faillir que trahir »: Ce mantra qui traverse tout le livre n’est pas un slogan héroïque. C’est un chemin de rigueur intérieure, une ligne de vie. OMK le revendique : la fidélité à soi-même est la condition première de toute loyauté à la nation. Il nous rappelle que servir ne consiste pas à profiter de la République, mais à s’engager pour elle, avec courage, honnêteté et lucidité.
Ce livre est un appel à la jeunesse, un cri silencieux à ceux qui doutent encore de la possibilité d’un engagement sincère en politique ou dans l’administration. Il démontre qu’on peut réussir sans trahir, gouverner sans corrompre, et s’élever sans écraser.
C’est dans cette lumière que je recommande vivement la lecture croisée du livre de l’Enfant de TEKANE «Mon Devoir de Servir»-disponible en version française traduite en arabe-pour toutes celles et ceux qui veulent comprendre, sans caricature ni raccourci, le sens profond d’une vie publique placée sous le sceau de la vérité, du mérite et de l’amour du pays.
Hadya Amadou KANE.